samedi 24 janvier 2015

Bissière : figure à part


Riche idée d'être allé à cette expo consacrée à Roger Bissière (1886-1964) à la Galerie des Beaux Arts de Bordeaux. Ce peintre
que je ne connaissais pas, comme la grande majorité des visiteurs, révèle à travers ses oeuvres, un parcours passionnant durant cinq décennies du XXè siècle. La  richesse artistique et évolutive de Bissière est le reflet d'une vie en perpétuelle recherche.

Max Pol Fouchet disait de lui : "Bissière est un peintre absolu, un homme de rythmes, de formes, de couleurs".

Une centaine de tableaux sont présentés selon les différentes étapes de la vie de ce peintre.
Expo jusqu'au 15 février 2015.

Bissière est considéré comme le chef de file de la non-figuration. Bien que la figure humaine soit représentée  à ses débuts, elle va disparaître progressivement au profit de signes, de grilles, d'images déstructurées, d'indices. Il eut de nombreux disciples comme Le Moal et Mannessier.

Attiré par le cubisme au début de sa carrière, à l'instar de Picasso, Braque, ... il ne présentera sa première exposition qu'en 1921. Après la grande guerre, son style montre alors un retour vers le classicisme, avec des tableaux bien construits, faits de courbes, de galbes. Il ne sera pas le seul à revenir vers la figuration, comme Picasso, André Lhote (son ami) et bien d'autres.


La jeune fille au poisson (1920)
 


En 1923/1928, il s'inspirera de Cézanne, d'Ingres, de Corot, de Braque dans une peinture encore figurative et bien construite avec plans et recherche de liberté, par touches. Plusieurs nus et scènes de nature avec personnages (baigneuses...).




Nu couché draperie brique , 1926


Retour au cubisme (1936/1939) avec formes géométriques, visages décomposés et couleurs éclatantes.
Il s'inspire de Picasso (Arlequin).
La figuration certes, mais de plus en plus un corps schématisé.



femme au filet (1936)

Figure, 1936


Crucifixion V, 1937

Le thème de la crucifixion, dans sa quête de spiritualité, tiendra une grande place dans son oeuvre (52 tableaux sur ce thème).

La spontanéité des dessins d'enfants sera aussi une vraie source d'inspiration.


Jaune et gris, 1950



Il ne peint plus durant la guerre (1939 à 1944).
Il mettra en place un nouveau langage avec des signes primitifs à travers ses peintures où "le spectateur doit accrocher ses rêves au tableau". La couleur va, petit à petit, prendre le pas sur la figure humaine qui disparaît.

Le non-figuratif va devenir la règle mais Bissière ne se réclame pas de l'art abstrait. Un tableau abstrait est pour lui "athée", alors qu'il y a une vie dans un tableau non-figuratif.
Ainsi, veut-il traduire dans ses oeuvres la beauté des choses, la lumière, la nature et donc tout ce qui vit : animaux, plantes, êtres, ...
Plusieurs de ses tableaux ont pour thème les saisons et leurs couleurs.

De même, il veut transposer ses émotions, dont celles de la musique, en montrant à travers lignes, grilles et couleurs des vibrations ressenties.




Voyage au bout de la nuit, huile sur toile, 1955


A la fin de sa vie (1962-1964), il peindra les petits panneaux poétiques et colorés (150) du Journal en images dans l'unique but de "dialoguer" avec sa femme disparue. "La peinture sauve du désespoir" dit-il. 

Paysage et village, dit Venise I, 1964


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